Une falaise visuelle implique une chute apparente, mais non réelle, d’une surface à une autre. Elle a été créée à l’origine pour tester la perception de la profondeur chez les bébés. Elle est créée en reliant une surface de verre transparent à une surface opaque à motifs. Le sol situé en dessous présente le même motif que la surface opaque. Cet appareil crée l’illusion visuelle d’une falaise tout en protégeant le sujet des blessures.
CHAPITRES
ToggleHistoire de la Falaise Visuelle
Afin d’étudier la perception de la profondeur, les psychologues E.J. Gibson et R.D. Walk ont mis au point le test de la falaise visuelle pour les bébés et les animaux. Des recherches antérieures avaient révélé que les bébés réagissaient à divers indices de profondeur avant même d’être capables de marcher à quatre pattes.
Les indices de profondeur permettent de détecter la profondeur dans une scène visuelle. Il peut s’agir d’indices monoculaires, tels que la taille relative et le chevauchement, ou d’indices binoculaires, tels que la disparité rétinienne. Gibson et Walk ont voulu savoir si la capacité d’un nourrisson à percevoir la profondeur était un comportement acquis ou si elle était, comme ils le pensaient, innée.
Gibson et Walk décrivent leur appareil de falaise visuelle comme une grande feuille de plexiglas lourde posée à un pied ou plus du sol. Les premières versions des expériences ont impliqué des animaux tels que des tortues, des chèvres, des rats, des agneaux, des chatons, des chiens, des cochons et des singes.
D’un côté du verre, un tissu à motifs très contrastés est pressé contre la face inférieure pour donner l’impression que le verre est solide. Le même matériau est posé sur le sol sous la vitre, créant ainsi l’illusion visuelle d’une falaise. Les chercheurs ont ainsi pu tester la perception des enfants tout en garantissant la sécurité de leurs jeunes sujets.
Test visuel des falaises chez le nourrisson
Dans ce test, un enfant est placé à une extrémité de la plate-forme et le soignant se tient de l’autre côté de la surface claire. L’hypothèse était que si un enfant avait développé une perception de la profondeur, il serait capable de percevoir la falaise visuelle et serait réticent ou refuserait de ramper jusqu’à la personne qui s’occupe de lui. On supposait également que les enfants qui ne percevaient pas encore la profondeur ramperaient joyeusement jusqu’à la personne qui s’occupait d’eux sans même remarquer la chute apparente.
Gibson et Walk ont conclu que la capacité à percevoir la profondeur apparaît à peu près à l’âge où le nourrisson commence à marcher à quatre pattes. La peur des hauteurs, suggèrent-ils, est quelque chose qui s’apprend plus tard dans la petite enfance, au fur et à mesure que l’enfant acquiert de l’expérience avec les bosses, les égratignures et les chutes.
Comprendre la falaise visuelle
Au départ, les psychologues pensaient que la perception de la falaise visuelle était une question de maturité physique et visuelle. Les bébés pouvaient voir la différence dès l’âge de huit mois, tandis que les nourrissons plus jeunes, dont la perception de la profondeur était moins développée, ne pouvaient pas voir la falaise.
Parce que les enfants de six mois pouvaient être incités à se tortiller pour franchir le bord visuel, alors que les enfants de dix mois refusaient de franchir le seuil, on a supposé en 2013 que les enfants plus jeunes n’avaient pas encore développé la perception de la profondeur, alors que les enfants plus âgés l’avaient développée.
Des recherches ultérieures, publiées en 2014, ont toutefois démontré que des enfants âgés de trois mois seulement sont capables de percevoir la falaise visuelle. Lorsqu’ils sont placés au-dessus du « bord » apparent, leur rythme cardiaque s’accélère, leurs yeux s’écarquillent et leur respiration s’accélère. Si ces enfants sont capables de percevoir la falaise visuelle, pourquoi seraient-ils prêts à ramper de ce qui semble être une descente en ligne droite ?
On a longtemps supposé que l’évitement de la falaise visuelle était lié à la peur des hauteurs, mais des recherches récentes suggèrent que les nourrissons évitent la chute parce qu’ils sentent qu’ils n’ont pas les aptitudes physiques pour rendre la descente possible.